Parmi les « décivilisés », l’un d’eux apparaît remarquable. Dans Sao l’amoureuse tranquille de Casseville, voici le sergent Jeanpierre. Enfant abandonné et déshérité, surnommé « Le peu?», un long chemin le conduit de Toulon à Saïgon, puis à Hanoï, à Laï-Chau dans la Haute-Région, et enfin au poste isolé de Muong-Tong, où l’accompagne la petite prostituée Thi-Sao, rencontrée à Saïgon. Là, ce mal aimé connaît l’attachement profond de sa compagne, et, parvenu au bout du dépouillement, se transforme littéralement en Asiatique.
Il commençait à percevoir un peu le mystère de l’âme annamite, en vivant pleinement en commun avec Thi-Sao, loin de toute influence européenne. […] Il entrevoyait la sagesse tranquille de cette philosophie orientale qui ne considère que l’heure présente, relègue le passé dans l’oubli, comme un mal et s’attache seulement à écarter de la route de chaque jour les embûches que sèment les mauvais génies.
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